Elle avait toujours eu du mal à trouver sa place dans les groupes.
Pas parce qu’elle n’avait rien à dire.
Mais parce qu’elle ressentait trop.
Trop fort. Trop vite. Trop profondément.
Dès qu’elle entrait quelque part, elle percevait l’ambiance, les tensions dans les regards, les silences lourds derrière les rires.
Elle savait déjà qui ne se sentait pas bien, qui se forçait, qui cherchait à exister trop fort et tout ça, ça lui tombait dessus comme une vague invisible.
Elle aurait voulu se détendre, parler, être elle.
Mais quelque chose en elle observait, analysait, absorbait.
Et souvent… se taisait.
Parce qu’elle ne savait pas comment se glisser dans la danse sans se perdre.
Parce qu’il y avait toujours ces personnes plus à l’aise, plus rapides, plus expansives, qui prenaient toute la place, tout l’espace sonore, tout l’air.
Et elle, dans ce vacarme social, elle se sentait floue.
Pas absente, mais pas tout à fait là non plus.
Un peu en décalage, un peu en retrait, comme si elle vivait à la lisière du groupe, ni tout à fait dedans, ni vraiment dehors.
Alors elle souriait. Elle écoutait.
Elle se faisait discrète, en espérant qu’on ne la remarque pas trop, mais qu’on la voie quand même.
Elle riait parfois à contretemps, s’excusait de prendre la parole, attendait qu’on lui laisse une brèche.
Et quand elle parlait, parfois sa voix tremblait,
parce que ce n’est pas évident de parler dans un monde qui va plus vite que toi.
Elle s’en voulait souvent.
Elle se disait qu’elle devait changer.
Être plus sûre, plus directe, plus visible.
Mais elle ne savait pas comment faire ça sans se trahir.
Et puis un jour, elle a compris : ce n’était pas qu’elle était “moins”.
C’est qu’elle était construite autrement.
Elle n’était pas faite pour parler fort.
Elle était faite pour sentir profondément.
Elle n’était pas faite pour briller sous les projecteurs.
Elle était faite pour éclairer doucement, comme une veilleuse dans la nuit, comme une présence qu’on ne remarque pas tout de suite, mais qui change tout une fois qu’on la perçoit.
Et à partir de là… elle a commencé à arrêter de se juger.
Elle a honoré sa manière d’être.
Elle a choisi des cercles où la lenteur est une force.
Elle a cessé de se forcer à entrer dans des espaces où elle devait s’arracher des morceaux pour appartenir.
Parce qu’au fond, elle ne cherchait pas juste une place. Elle cherchait un lieu où elle pouvait être là,
sans devoir devenir quelqu’un d’autre.
Et ce lieu-là… elle a compris qu’il commence par elle. 
Cindy Pinchart
« Celle qui avait du mal à trouver sa place »
Delphine Facon
Magnétiseuse - Guérisseuse - Médium